lundi 9 juin 2025


Zodiac
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Revoir Zodiac vingt ans après, c’est l’occasion de vérifier que le film, pas très impressionnant à l’époque, nous avait quand même laissé une impression tenace de cauchemar éveillé.

Aujourd’hui, à l’aune de ce que nous savons du génie de David Fincher, et en ayant vu le doc Netflix sur le Zodiac, il apparaît que nous sommes déjà en présence d’un premier chef-d’œuvre invisible. Ce qualificatif attribué au Social Network, qui sortira trois ans plus tard.

Il y a des similarités, des pistes du Fincher en devenir. Si les films n’ont rien à voir, c’est quand même une histoire de geeks, un dessinateur d’humour qui « s’amuse » à décoder les messages du Zodiac (Jake Gyllenhaal), un journaliste maniaque et caractériel (Robert Downey Jr.) et un flic star obsédé par l’affaire (Mark Ruffalo).  

Il y a aussi une palanquée de petits rôles, dont on va retrouver les comédiens dans Social Network, le rédac-chef, l’avocat, le journaliste, le responsable informatique, etc. On pourrait même dire que le regard de Chloé Sévigny sur Jake Gyllenhaal s’apparente à celui que portera la jeune avocate sur Mark Zuckerberg.

Pour le reste le film fascine par sa capacité à faire un anti-Seven, un film de serial killer qui montre peu les meurtres. Son sujet, c’est plutôt les enquêteurs, rongés par l’énigme et qui finiront alcoolique, paria, divorcé. Nous sortons hébétés du film : tout en allant très vite, Fincher ne nous a jamais abandonné en route, et a su maintenir le rythme et l’intérêt.

Du grand art.




lundi 9 juin 2025


Ozark
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Il a fallu, après avoir vu le final de Ozark, retourner à la source, c’est-à-dire revoir le premier épisode pour s’assurer du chemin accompli. C’est-à-dire ce moment où un petit banquier falot, marié, deux enfants, mate du porn en plein rendez-vous professionnel, et se révèle être à blanchisseur de cartel.

Le propos : dévoiler le dessous de l’Amérique, qui, comme le dit un personnage, est obsédée par le fric. Derrière le remake d’Une Famille en Or, le démontage en règle de la famille américaine, de ses hypocrisies, de ses dépendances (sexe, alcool, opioïdes, religion), et le rôle implacable de l’argent dans une société qui ne cesse de clamer que la famille est au centre du tout.

Oui, mais quelle famille ? La famille Byrde, cadres sup urbains, bien sous tous rapports, mère au foyer, et gentil papa cadre ? La famille Langmore, rednecks paumés vivant dans une caravane au bord du magnifique Lac des Ozarks ? Ou la grande « famille », dans son sens le plus dévoyé, le cartel Navarro ?

Si la série a un seul défaut, c’est de jouer en permanence sur les coups de pression de manière parfois un peu mécanique. Mais c’est aussi pour notre plus grand plaisir mais car c’est ce qui rend la série addictive. Pour le reste tout est parfait. Les acteurs sont tous phénoménaux, en particulier les jeunes (Sofia Hublitz , Skylar Gaertner, Julia Garner…) Laura Linney est glaçante en mère de famille frustrée de sa carrière professionnelle, tout comme son mari, Jason Bateman, dans le contre-emploi d’une carrière.   

La mise en scène est simple mais parfaite, basée sur de légers mouvements de caméras, de mises au point subtiles et de survol magnifiques de la nature sauvage des Ozarks. La musique, à l’unisson, est discrète et parfaite.

Le cinéma dans son plus pur classicisme, pour dépeindre l’horreur du monde.

Une leçon.




dimanche 8 juin 2025


Squid Game
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Suivant le conseil du Professorino, « faut que tu regardes, mais tu vas pas aimer » (il n’est pas toujours fûté, le Professorino), je suis venu, j’ai vu, et j’ai aimé Squid Game. La série n’est pas sans défaut, mais c’est un choc esthétique et politique.

C’est la déco qui frappe de prime abord : très belle, très colorée, très originale. Les architectures, gravures Escher sous LSD, les costumes, devenus iconiques, forment un geste artistique fort ; utile contrepoint au début de la série décrivant de façon très réaliste le quotidien prosaïque des personnages dans une grande ville coréenne…

Ces hommes et ces femmes couverts de dettes se voient offrir la possibilité de gagner une immense somme d’argent en participant à un jeu mortel. Un seul survivra et empochera des millions.

Ce Battle Royale est basé sur les jeux de l’enfance : 1.2.3 Soleil, Tir à la corde, les Pogs, mais les participants ont toujours la possibilité d’arrêter le jeu si la majorité le demande. Evidemment, personne n’y arrive.

Car Squid Game est multi dimensionnel : politique, philosophique, moral, et fun. La série observe l’humanité dans son pire et son meilleur, tout en maintenant parfaitement le suspens. Il sait ménager des cliffhangers surprise, par exemple au milieu d’un jeu, brisant la monotonie inhérente au Squid Game (repos-jeu-éliminations-repos, etc.) Il ajoute également une intrigue extérieure à l’ile, qui permet des respirations bienvenues.

Bref, on réfléchit sans s’ennuyer , que demander de plus ?




mercredi 4 juin 2025


Madame Doubtfire
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Le problème chez CineFast, c’est qu’il y a les jours où il faut bosser. En un mot, voir les films du répertoire sous peine de perdre sa crédibilité.

C’est donc empli de courage, à deux mains, que le Professore Ludovico lance Madame Doubtfire, le feelgood movie de Robin Williams, énorme succès de 1993, 441M$ au box-office.

Mais un coup d’œil préalable à IMdB aurait évité deux heures de perdues : Robin Williams n’a jamais fait de bon film ! Bon on est méchants, (et payés pour), mais à part Will Hunting et Photo Obsession, que retenir de sa carrière ? Un paradoxe, pour le moins : Mr Robin était un gars éminemment drôle en impro, où son sens acéré de la transgression faisait merveille dans les late shows, mais le Dr Williams se métamorphosait en nounours inoffensif dans ses films. L’exemple parfait étant Good Morning Vietnam, où ses impros radio sont à mourir dans rire, anesthésiées dans un film béni oui-oui qui n’a rien à voir.  On aurait voulu voir un Robin Williams plus troublant, comme le Walter Finch de l’Insomnia de Nolan, mais Robin Williams n’a fait que des navets à la guimauve où son sourire de clown triste toujours au bord des larmes apitoyait le chaland… Ce coup-là ne marche plus : la performance de Mrs Doubtfire, (jouer un homme grimé en femme) tient aujourd’hui du théâtre de boulevard*. Les gags sont répétitifs et pas drôles, et la Trâââgédie du Divooorce ne fait plus pleurer dans les chaumières**.

Donc Madame Doubtfire, dans le doute, abstiens toi !

* Le film a été repris au théâtre par Michel Leeb
** Dans un genre tragique, Kramer contre Kramer ne fonctionne plus non plus
.




lundi 2 juin 2025


Les larmes de Marquinhos
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Le sport se nourrit de larmes. Les larmes de la tragédie, évidemment ; celles du perdant et celles du gagnant, qui disent qu’au bout de la souffrance il y a la victoire. Le drame alimente le sport depuis l’antiquité. Une tragédie de 9 secondes 58 sur 100m, ou de trois semaines sur le Tour de France.

Hier les larmes sont arrivées à la 89ème minute. Marquinhos, capitaine du Paris-Saint Germain, savait qu’il n’était plus nécessaire d’attendre le coup de sifflet final pour relâcher douze ans de pression. 5-0, la messe était dite, et Paris vaut bien une messe.

Marquinhos pleurait sa souffrance, ses humiliations, ses doutes. Arrivé à 19 ans, « Marqui » n’avait jamais quitté le club, malgré les alléchantes propositions, malgré les quolibets.

A la fin du match, il s’est jeté dans les bras de Kimpembe, un joueur mis opportunément sur la feuille de match par Luis Enrique, contre toute logique sportive. Kimpembe, blessé, n’a en effet pas joué une seule seconde de cette Ligue des Champions. Mais il fait partie de l’histoire, et ça, Enrique, le coach/réalisateur de ce blockbuster le sait.

Kimpembe/Marquinhos, deux losers en larmes, parce qu’ils savent qu’ils viennent des tréfonds de la défaite : une main stupide et Kimpembe offre le penalty à Manchester United (2019) ; les erreurs défensives de Marqui contre Madrid (2022), et le triplé de Benzema : remontada du Real.

3 ans, 6 ans, c’est une éternité, mais le sport, c’est avant tout une histoire, des histoires. Nous pleurions avec ces deux-là samedi. Pas tant pour une victoire jouée d’avance contre une équipe épuisée, offerte en sacrifice expiatoire à une bande de tueurs au meilleur de leur forme : 5-0 n’était que le résultat obligatoire de l’équation.

Non, nous pleurions comme tous les supporters du PSG, parce que nous avions souffert comme eux pendant toutes ces années de disette. Pleuré devant les injustices, les calomnies des footeux et la connerie des footix, pleuré devant les déceptions aussi. Mais supporter un club, c’est le supporter dans tous les sens du terme, dans la défaite comme dans la victoire. Car la seule chose qui compte véritablement, c’est de ressentir ; le sport, le cinéma, sont faits pour ça.

Comme une histoire d’amour, qui ne finira jamais.




mercredi 28 mai 2025


Roland-Garros – France 2 : la rechute
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Pour en finir avec ... ]

Évidemment, on était allé trop vite. Si France 2 n’avait pas raté l’hommage de Rafael Nadal, il retombait dans ses errements deux jours plus tard.

Certes, nous ne sommes que la première semaine, et il y a des matchs partout à Roland. Mais là, il n’y en avait que deux : un Simple Homme opposait le 73ème mondial, Corentin Moutet, à un autre français, Clément Tabur (280ème). En même temps, Loïs Boisson pour son premier Roland-Garros (218ème) était opposée en Simple Femme à la Tête de Série belge Elise Mertens (24ème). Chez les gars, on était à la balle de set ; chez les filles, balle de match. Devinez ce qui arriva ? France télé diffusa les mecs.

Le sexisme habituel, celui qui dit qu’il « ne reste plus de français dans le Tournoi » alors qu’il y a encore des filles, ou qui affirme que Noah est le seul à avoir gagné un Grand Chelem, oubliant les 5 victoires de Bartoli, Pierce, et Mauresmo, à Paris, Wimbledon et Sydney…  

Certes, Mottet est plus connu que Buisson, mais c’est qui qu’a fait la perf ?




mardi 27 mai 2025


L’Eternaute
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Dans L’Eternaute, on devrait être sur le terrain connu du film post-apocalyptique. Tout va bien et, badaboum, une drôle de neige tombe et là, tout le monde meurt. Il va falloir se barricader contre des voisins affamés et surarmés, en attendant que les hélicos arrivent.

Ça, c’est dans une post-apocalypse américaine. Mais ici, on est dans une série sud-américaine. Ou plutôt l’adaptation argentine d’une BD, argentine elle aussi*.

Ça change tout. Les héros sont sexagénaires et les hélicos ne vont pas venir. On se demande d’ailleurs, pendant les quarante-cinq premières minutes, si on ne s’est pas trompé de série. Les « héros » tapent le carton en vidant des verres**. Le mode Survival ne commence réellement qu’au deuxième épisode (sur 6) et ça commence très lentement (un masque, des bottes étanches). Pas de blonde, ni de vieux flic retraité avec gangster en cavale qui vont taillader du zombie avec la hache trouvée dans le garage.

L’Eternaute avance à un train de sénateur, mais sûrement, très sûrement même. Car son immense originalité, c’est d’utiliser les clichés d’une manière totalement nouvelle. Non, tout le monde ne va pas s’entretuer pour une boîte de thon ; on va même recueillir des gens dans le besoin… A chaque fois qu’on retombe sur un trope du film post-apo (la possibilité d’autres survivants, une fille qui réapparaît, le voyou en cavale), L’Eternaute fait un pas de côté. De façon très orthogonale, la série insiste sur les valeurs positives de l’humanité : l’entraide, le réconfort, le sacrifice… La série va ainsi développer ses intrigues, les doublant, assez classiquement, de flashbacks mystérieux. Cela rend les cinq autres épisodes totalement addictifs, et on attend la deuxième saison avec impatience.

* Selon un correspondant argentin du Professore (oui, CineFast est partout), la BD est une allégorie de la dictature argentine. Plus on avance, plus on se dit que oui…
** Dont notre chouchou Ricardo Darín (Les Neuf Reines, Dans ses Yeux, El Presidente…)




lundi 26 mai 2025


Rafael Nadal, hommage
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un sportif qui s’arrête, c’est un homme qui meurt.

Pour une fois, France 2 n’a pas raté les funérailles de Rafael Nadal. Elle a su filmer comme il fallait l’incroyable hommage que Roland-Garros a rendu hier à son plus grand champion*.

Là où d’habitude la télé coupe la fin d’un match**, elle n’a pas raté Rafael, l’homme, qui s’inclinait devant la dépouille du champion Nadal. Invités à la cérémonie, tout le public du Central, sobrement relooké terre de sienne, était en pleurs.

S’il y eut quelques ratés (un trophée en plexiglass et des longueurs), les caméras n’ont rien perdu de l’émoi qui planait en ces lieux. L’émotion de Nadal, matador sans pitié sur le court, qui se métamorphosait en Rafi, ado timide d’après match. La télé a su filmer ses larmes, capter les hésitations de son discours, faire le fondu enchainé qu’il fallait sur le public. Personne ne fut oublié, ni ses victimes (Djokovic, Federer, Murray), ni le petit personnel de Roland, chauffeurs et ramasseurs de balles…

Nadal, comme après chaque victoire, n’en revenait pas d’être là. Il eut d’ailleurs les mots justes : « Je sais que je ne jouerais plus ici, mais un bout de mon cœur sera toujours là, avec ce lieu et avec son peuple ».

* 14 victoires en vingt ans
** Voire une balle de match…




dimanche 11 mai 2025


Sinners
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on.

L’enfer, ici, est à Clarksdale, Mississippi. Le Professore Ludovico est en terrain connu. Clarksdale, où selon le mythe, le Blues est né. At the Crossroads Robert Johnson a vendu son âme au diable en échange du don de jouer de la guitare comme personne. Sinners y projette son action en pleine prohibition ; deux jumeaux reviennent à la maison (tous les deux interprétés par notre chouchou Michael B. Jordan). Ces gangsters ont quitté Chicago pour recycler leur argent dans un juke joint, ces boites où on boit, on danse, on joue du blues. Ça tombe bien, un jeune guitariste, Preacher Boy, a décidé de désobéir à son pasteur de père pour jouer la musique du diable. Ça tombe bien doublement, parce qu’il y a des vampires dans le coin. Blues, Prohibition, Vampires : autant dire que chez CineFast, on appelle ça un strike.

Mais voilà, Sinners est une bouse incroyable. Une fois qu’on a une bonne idée, il faut travailler pour la réaliser. Le film est tellement mal fait que les yeux vous tombent des orbites… Les dialogues sont écrits avec les pieds, (même un scénariste de quinze ans n’oserait pas écrire des telles inepties), et l’intrigue est particulièrement biscornue. Les personnages sont tellement en carton qu’on a du mal à comprendre leurs motivations*.

Mais après ce démarrage poussif, les vampires débarquent, et ça devient plus fun. Le propos, lui, devient très confus. Si l’on souscrit totalement à l’idée de mettre en valeur la culture afro-américaine du Sud (Blues, Vaudou, Soul food), le gumbo s’épaissit de seconde en seconde. D’abord avec un grand classique : les blancs sont évidemment les grands méchants de l’histoire. Les vampires sont forcément blancs, et forcément membres du Klan. A partir de là, ça devient parfaitement inepte. Le blues serait en fait la musique qui sauve, et la musique du diable serait… la country et la gigue irlandaise !

Autant vous dire qu’on est très loin de O’Brother pour la défense du blues ou d’Une Nuit en Enfer pour la promotion des vampires. L’impression trouble – c’est un comble pour le cinéaste de Black Panther – que le film est fait par des blancs qui voudraient rendre grâce au blues en enfilant tous les clichés sur les noirs**.

Et c’est, à vrai dire, la plus grande tristesse que procure Sinners. L’idée que des gens intelligents, talentueux (le cinéaste indé de Fruitvale Station et l’acteur délicat de The Wire/Friday Night Lights) produisent des daubes démagogiques pour faire un blockbuster. Certes, le fameux One for Us, One for Them, s’applique à tout le monde. On voit ce qu’un Brad Pitt peut faire, capable d’aligner Deadpool 2 et produire Le Roi la même année. Mais après Creed, Black Panther, où sont les projets intelligents du duo ? Certes, on n’a jamais demandé de la finesse à Michael Bay, et les Vampire, Vous avez dit Vampire de nos années 80 ne volaient pas haut. Mais les films tenaient debout.

Dans la salle, le public n’y voyait pas problème. Cet échafaudage pataud, cette simplicité balourde plait. Le film marche fort, signe que les goûts changent.

On n’est pas obligés de suivre.  

* Ainsi, Stack, un des jumeaux, tire gratuitement sur un gamin, lui pète le genou, mais paye immédiatement les soins. Le même interdit à Preacher Boy de jouer du blues dans sa boite, alors qu’il lui à offert une guitare expressément en ce sens. Une femme l’a recueilli enfant mais il ne va pas à son enterrement… Etc., etc.

** Ce qui donne la seule bonne réplique du film : « See, white folks, they like the blues just fine. They just don’t like the people who make it. »




vendredi 9 mai 2025


Quand Vient l’Automne
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Au Masque et la Plume, François Ozon avait un jour expliqué son système de production. « Je fais un film tous les ans, disait-il en substance, parce que ça me met à l’abri d’un échec. Quand mon film arrive en salle, j’ai déjà assuré le financement du film suivant. Si c’est un échec, c’est trop tard pour que les producteurs pinaillent sur le projet en cours. » Encore une ruse de cinéaste contre l’Usine à Rêves…    

Quand commence Quand Vient l’Automne, on se dit que ce système a ses limites. Le film débute comme une dramatique régionale de France 3 : caméra non pas posée, mais carrément assise, acteurs en préretraite, et tutti quanti.

Mais le film, comme souvent chez Ozon, file doucement vers la perversité. Michelle, une gentille grand-mère pour pub de confiture (Hélène Vincent) prépare le diner pour sa fille (Ludivine Sagnier) qui amené son petit-fils à garder. Mamie s’arrête nonchalamment sur un guide des champignons dangereux, y regarde à deux fois avant de préparer la poêlée : le mystère commence, en a-t-elle mis ou pas ? En tout cas, la fille, odieuse et prête à tout pour toucher l’héritage, se retrouve aux Urgences.

La machine Ozon est en route, façon Chabrol : la grand-mère en larmes, les soupçons de la fille, le fils qui lui reproche… La deuxième intrigue peut commencer : la meilleure amie de Michelle (Josiane Balasko) voit opportunément son fils sortir de prison.

Que vient faire Vincent dans cet embrouillamini, on n’en dira rien, puisque le film gagne de scène en scène une louche de vice et de suspense… Dommage que le début n’ait pas été mieux travaillé.